Qu'est-ce qu'un bridge en crypto ? Passerelles entre blockchains

Les bridges sont des plateformes qui permettent d’échanger des données ou de la valeur entre blockchains qui n’appartiennent pas au même réseau. Il existe actuellement une myriade de réseaux blockchain. Chacun de ces réseaux possède sa propre cryptomonnaie native, qui coexiste au sein de son réseau avec d’autres actifs natifs. Ces derniers sont des représentations de tokens ou de cryptomonnaies d’autres réseaux. Tant qu’elles se trouvent dans le même écosystème, il est possible d’opérer avec ces cryptomonnaies sans inconvénient majeur, que ce soit pour les échanger entre elles, pour le staking ou pour le farming.

Le problème se pose lorsque les utilisateurs doivent effectuer des transactions en dehors de leur réseau natif, soit parce que les applications qu’ils souhaitent utiliser n’y existent pas, soit parce qu’il n’y a pas assez de liquidités sur les exchanges décentralisés. Avec l’avènement de la DeFi, ces obstacles sont devenus très fréquents ; heureusement, les développeurs qui construisent sur la blockchain ont réussi à coder une solution : les bridges. Ce sont des applications qui permettent l’interconnexion entre les blockchains, pour échanger des données ou de la valeur dans un environnement décentralisé.

Depuis leur création, les blockchains ont été conçues pour que leurs utilisateurs puissent échanger ou trader leurs actifs au sein de leurs applications natives. Auparavant, il n’existait aucun moyen pour les blockchains de communiquer entre elles afin d’échanger des actifs et de les rendre compatibles les unes avec les autres. Ce manque de communication a conduit les développeurs à créer des applications dont les smart contracts permettent d’échanger des actifs entre les réseaux blockchains, quel que soit le protocole sous lequel ils sont codés.

Ces applications sont appelées « bridges » ou passerelles, et grâce à elles, les utilisateurs peuvent déplacer ou envoyer leurs actifs d’un réseau à l’autre pour répondre à leurs besoins. Il ne fait aucun doute que les bridges élargissent le champ d’action des utilisateurs dans l’écosystème des cryptomonnaies.

Prenons un exemple : Pierre veut envoyer des ETH depuis le mainnet d’Ethereum pour obtenir la représentation du token ETH sur le réseau Solana, avec l’intention d’effectuer une transaction avec effet de levier sur Mango Markets. Évidemment, vous ne pouvez pas les envoyer directement, car comme il s’agit de deux réseaux différents, la transaction d’envoi sera invalidée et vous perdrez vos tokens. Pour réaliser cette transaction de vos actifs, vous devrez utiliser une passerelle et effectuer les étapes suivantes :

1. Allez sur le site web où le bridge est hébergé.

2. Connectez le wallet qui correspond à l’application de la passerelle.

3. Choisissez le réseau vers lequel les tokens seront transférés.

4. Approuvez la transaction.

5. Échangez les tokens.

Une fois les transactions confirmées, les tokens seront reçus sur le réseau choisi.

1. Ils facilitent l’interopérabilité : ils permettent la communication entre différentes blockchains, facilitant l’échange d’informations (données et tokens).

2. Ils étendent l’utilité des cryptomonnaies : les utilisateurs peuvent effectuer des échanges entre différents réseaux, permettant ainsi des échanges cross-chain, ce qui rend leurs tokens plus utiles.

3. Ils simplifient le nombre de transactions : auparavant, pour transférer des actifs d’un réseau à l’autre, il était nécessaire d’effectuer plusieurs opérations ; avec l’arrivée des bridges, les utilisateurs peuvent les transférer vers le réseau demandé en une seule opération.

4. Les bridges sont décentralisés : ils ne dépendent pas d’une autorité centrale pour leur gestion. Pour les faire fonctionner, les utilisateurs doivent connecter leurs portefeuilles décentralisés, ce qui signifie qu’ils doivent approuver et signer les transactions qu’ils effectuent.

Il existe différents types de bridges crypto. On distingue généralement les passerelles centralisées et les passerelles décentralisées, mais cette fois-ci nous irons un peu plus loin :

1. Les bridges pour un actif spécifique : ils sont construits pour interagir avec les blockchains qui détiennent une cryptomonnaie ou un actif en particulier, et leur fonctionnalité est limitée à cet actif. Par exemple, une passerelle déployée dans Ethereum pour communiquer avec la blockchain Bitcoin, de sorte qu’elle puisse être utilisée comme un wrapper ou synthétique dans ses diverses applications DeFi.

2. Les bridges pour des réseaux spécifiques : ils sont conçus pour permettre l’échange de données entre deux blockchains différentes, par exemple une passerelle pour transférer des tokens d’Ethereum à Fantom.

3. Les bridges pour des applications spécifiques : ils sont conçus pour fonctionner uniquement au sein d’applications blockchain. À partir de là, ces applications peuvent interagir avec une ou plusieurs blockchains. Leur fonctionnalité est limitée.

4. Les bridges généraux : ils sont construits sur une blockchain principale et peuvent être utilisés par toutes les blockchains indépendantes qui y sont connectées. En d’autres termes, leur conception permet à toutes les blockchains connectées à un réseau principal de partager des données et des informations.

Même si les passerelles offrent une solution de mise à l’échelle pour les blockchains, il existe un risque inhérent à leur utilisation. Par conséquent, une analyse minutieuse doit être effectuée avant d’opérer sur elles, de la même manière que tout projet dans l’univers crypto doit être étudié. Avant de vous connecter à une application qui offre des services de bridges, il est important de :

1. Lire sa documentation ;

2. Vous renseigner sur l’expertise de l’équipe à l’origine de sa conception ;

3. Confirmer que son URL est conforme au projet sous-jacent avant de connecter tout wallet à la passerelle. Souvent, les escrocs utilisent des changements subtils pour voler les fonds d’utilisateurs.

4. Transférer de petites sommes pour vous assurer que sa fonctionnalité est efficace.

Il est important de se rappeler, d’une part, que même si les bridges sont décentralisés, ils ne sont pas à l’abri des attaques d’acteurs malveillants, et qu’il convient donc d’être toujours très prudent lorsque vous interagissez avec une passerelle. D’autre part, l’utilisateur n’a pas le contrôle de ses fonds en tout temps, puisqu’étant construits sur des smart contracts, les bridges auront la garde des fonds pendant l’échange d’actifs. Le risque ici est que toute erreur dans le code pourrait ouvrir une vulnérabilité qui, si elle est découverte, pourrait entraîner la perte d’actifs.

Les bridges sont sans aucun doute un outil formidable au sein de la cryptosphère ; ils font partie du résultat tangible de la scalabilité des blockchains de ces dernières années et constituent une ouverture qui permet aux réseaux, aux applications et aux produits de la blockchain de fonctionner plus efficacement.