Aztec Network : la confidentialité programmable sur Ethereum

Aztec Network est une solution de couche 2 conçue pour résoudre l’une des limitations structurelles d’Ethereum : l’absence de confidentialité native au niveau de l’exécution. Alors que toutes les transactions et tous les états sont publics par défaut sur Ethereum, Aztec propose un modèle où la confidentialité devient une propriété fondamentale du protocole, et non une couche optionnelle.
Pour y parvenir, Aztec s’appuie sur la cryptographie des preuves à divulgation nulle de connaissance (zero-knowledge proofs ou ZK), permettant d’exécuter des contrats intelligents de manière privée, tout en ne publiant sur Ethereum que les preuves nécessaires à la vérification correcte de cette exécution. Cela permet de préserver la sécurité et la décentralisation d’Ethereum sans exposer d’informations sensibles.
Dans cet article, nous analysons ce qu’est Aztec Network, comment il fonctionne et pourquoi il s’impose comme un acteur clé de la confidentialité sur Ethereum.
Qu’est-ce qu’Aztec Network
Aztec Network est un zk-rollup axé sur l’exécution privée. Son architecture distingue clairement deux domaines :
- L’exécution privée, qui se déroule localement sur l’appareil de l’utilisateur.
- Le règlement public, qui a lieu sur Ethereum.
Le modèle d’Aztec permet à chaque application de définir des règles de confidentialité très précises. Un contrat peut décider quelles données sont publiques, lesquelles restent privées, et dans quelles conditions certaines informations peuvent être révélées. Le résultat : un nouveau standard de confidentialité programmable, tout en restant compatible avec Ethereum et son écosystème.
Grâce à cette approche, Aztec est particulièrement adapté aux finances privées, à l’identité décentralisée, aux votes anonymes, aux jeux avec logique cachée ou aux applications d’entreprise nécessitant de la confidentialité sans renoncer à la vérification on-chain.
Principes de conception du protocole
L’architecture d’Aztec repose sur trois principes fondamentaux :
- La confidentialité programmable : chaque contrat intelligent définit de manière granulaire quelles parties de son état et de sa logique sont publiques ou privées. Contrairement à Ethereum où tout est transparent par défaut, la confidentialité fait ici partie intégrante du contrat.
- L’exécution privée : les données sensibles ne quittent jamais l’appareil de l’utilisateur. Le réseau ne traite pas d’informations en clair, mais uniquement des preuves cryptographiques qui valident l’exécution sans en révéler le contenu.
- La composabilité privée : la confidentialité est conservée même lors des interactions entre contrats, permettant de construire des systèmes complexes sans sacrifier la confidentialité.
Architecture technique : comment fonctionne Aztec ?
Techniquement, Aztec adopte une architecture hybride conçue pour équilibrer confidentialité, interopérabilité et scalabilité, tout en conservant Ethereum comme couche de sécurité. L’état privé est géré via un modèle chiffré de type UTXO, optimisé pour protéger les données sensibles des utilisateurs. En parallèle, l’état public utilise un modèle basé sur les comptes compatible avec Ethereum, ce qui facilite son intégration avec les outils, wallets et infrastructures existantes de l’écosystème.
Comment cela fonctionne-t-il ? Les transactions sont exécutées de façon privée hors chaîne, dans l’environnement de l’utilisateur, où sont générées des preuves zero knowledge attestant de leur validité. Les séquenceurs se chargent d’ordonner ces transactions et de publier uniquement les données nécessaires à leur vérification sur Ethereum, sans jamais accéder aux informations privées. Ce rôle est pensé pour être progressivement décentralisé.
Le système de génération de preuves est ouvert, ce qui signifie que tout participant peut agir comme prover. Enfin, l’état global du rollup est ancré sur Ethereum, héritant ainsi de sa sécurité sans en subir les coûts computationnels.


Noir : le langage zk d’Aztec
Un des éléments distinctifs de l’écosystème Aztec est Noir, un langage dédié au développement de circuits et de contrats basés sur le zero knowledge.
Noir simplifie la complexité cryptographique, permettant aux développeurs de se concentrer sur la logique métier. Grâce à cela, construire des applications privées n’est plus réservé aux experts en cryptographie, ce qui a stimulé l’expérimentation sur les testnets et l’exploration de nouveaux cas d’usage sur Aztec.
Ce qui distingue Aztec des autres solutions L2
Ce qui fait la spécificité d’Aztec :
- Une exécution privée par défaut.
- Un contrôle total sur les informations rendues publiques ou conservées chiffrées.
- Une architecture hybride combinant confidentialité et interopérabilité.
- Une infrastructure ouverte, avec des séquenceurs et des provers conçus pour être décentralisés.
- Une confidentialité composable même dans des flux complexes entre applications.
État du projet et économie du protocole
Aztec est actuellement en mainnet depuis le 20 novembre 2025, après avoir atteint 500 validateurs dans la file d’activation et finalisé la vente initiale de son token AZTEC.
Durant cette première phase, le réseau permet déjà la production de blocs et le staking des tokens AZTEC, bien que les fonctionnalités restent limitées. Le déploiement complet des contrats intelligents privés s’effectuera progressivement, selon un calendrier prévu tout au long de l’année 2026.
Le token AZTEC joue un rôle clé dans la sécurité, la gouvernance et les incitations économiques du protocole. Ses principaux usages incluent : le staking, la participation à la gouvernance et la rémunération des opérateurs d’infrastructure comme les séquenceurs et les provers.
Pour participer à Aztec, il faut déléguer un minimum de 200 000 AZTEC. Notez que le modèle final de tokenomics et le calendrier exact du Token Generation Event (TGE) sont prévus provisoirement pour février 2026, moment à partir duquel ils seront soumis aux processus de gouvernance du protocole.
Conclusion : pourquoi Aztec est important
En introduisant la confidentialité programmable comme caractéristique native du protocole, Aztec ouvre la voie à une nouvelle génération d’applications vérifiables et confidentielles.
Pour les développeurs, cela signifie un accès à des outils qui permettent d’innover sans compromettre la confidentialité ; pour les stakers, un modèle économique conçu pour assurer la pérennité du réseau.
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